Xavier Mer 25 Juin - 17:48
"la Lituanie est un marché d'avenir et encore vierge", "le client lituanien aimerait certainement des bons produits de qualité made in France", "nos vins et nos fromages", etc etc....
Ce qui suit est mon opinion et n'engage que moi naturellement, mais je me permets de donner des éléments de réflexion pour casser le mythe et les idées reçues
* la rotation des magasins "de luxe" du(des) centre-ville(s) est impressionnante, tous ceux qui essayent se cassent la gueule; à mon avis, cela s'explique simplement... par cinq ou six grands traits du business plan caractéristiques du truc qui va planter, je vous en donne trois gratuits au pif : une étude commerciale réduite à des idées reçues, et une trésorerie sous-estimée à la limite de l'inconscience, des baux commerciaux complètement délirants. Le business lituanien, parce qu'encore mal stabilisé, offre des possibilités mais aussi énormément de pièges, visibles, ou pas. On peut continuer à en parler autour d'une bière si vous voulez (tarp kitko, RDV ce soir 21h45 en bas de Pilies pour voir le match).
* le lituanien moyen même avec un peu de pouvoir d'achat vomis les fromages coulant (dites-moi franchement, ceux qui sont venus en Lituanie pour l'amour d'une femme : votre chérie aime-t-elle le camembert ?) et est parfaitement incapable de distinguer deux vins (et je dis ça objectivement, sans faire insulte à personne; qui distingue à l'aveugle Utenos et Kalnapilis parmi nous ?) et donc n'est pas du tout prêt à mettre 20€ dans une bouteille. En plus, le vin français a saccagé sa réputation en vendant une piquette immonde plus cher que des jus de raisins alcolisés chiliens tout à fait agréables (dans vos folles soirées vilniussoises et kaunassiennes (ou bellaciennes), les jeunes et moisn jeunes, quel pourcentage des bouteilles est français ? ... pourtant c'est pas l'offre qui manque !);
* ensuite, il faut cesser de fantasmer sur le pouvoir d'achat du Lituanien; 2 habitants sur 1000 quittent le pays tous les mois, l'inflation officielle a fait +11,4% entre avril 2007 et avril 2008 (cad +15 ou +16% pour l'assiette du particulier), dont le salaire moyen atteint désormais péniblement 570€ net pour les hommes et 390€ pour les femmes (chiffres de ce début d'année). Tout ce beau petit monde est endetté pour 40 ans à taux variable pour acheter des appartements construits en papier maché, qui lui bouffe, pour un couple, au moins 40% de son revenu global pour un deux pièces "su daline apdaila" ("finition partielle" ==>> comprendre : 4 murs, à poil). Et je rappelle que 15 autres pourcents consacrés en hiver au chauffage du tarybinis blokinis (dans lequel il faut bien vivre en attendant d'avoir installé son nouvel appart) vont devenir 25 ou 30 % l'hiver prochain.
Et je peux continuer longuement.
NEANMOINS, bien évidement qu'il y a des choses à faire en Lituanie. pour un paquet de bonnes raisons, que les Français en particulier devraient apprécier énormément (et d'ailleurs, visiblement apprécie, si j'en crois mes quelques échanges avec la poignée d'occidentaux "qui a réussi" ici) du point de vue de la main d'oeuvre, des infrastructures, et surtout des fondamentaux de la législation. Mais l'argent reste cher à tous les niveaux en revanche. Plus un certain nombre de petites choses encore... Investir en Lituanie oui, oui, trois fois oui, mais, chers investisseurs, il faut arracher de suite les oeillères, sinon vous allez dans le mur.
Mais "c'est un nouveau marché", ou que les gens on "soif de consommation après 50 de communisme", pfff... ça, c'est carte postale, retardataire, naif, mais surtout terminé, out, fini.